4-dimanche...

... OU LE SENS DE LA VIE


Instant de pause, enfin. Où je me pose, dans un canapé et le silence de mon salon. Après une semaine frénétique de travail, laisser retomber la pression nerveuse en résistant à la tentation de la prolonger sous des formes plus divertissantes mais tout aussi distractives d'un retour à soi salutaire et régénérateur.

Je suis donc là... à écouter les sons de la rue, à redécouvrir sensoriellement mon environnement, le plus souvent invisible dans le brouillage de mes pensées quotidiennes. Dans cette tranquille attention consciente, mon corps s'apaise, mon mental se calme... Juste être là. Juste l'être là.

C'est alors en général que commence à monter en moi une sorte de malaise, à la fois inquiétant et intrigant. Quelque chose qui veut me rappeler à ma finitude, à ma qualité d'être humain destiné à vieillir et à mourir... et pourtant aussi, sous-jacent, le ressenti diffus que ce malaise existentiel constitue également un portail vers quelque chose d'autre, pas aussi fini et désespérant, au contraire. Le même ressenti que lorsque, adolescent, je contemplais le ciel étoilé, à la fois me sentant tout petit et infime, mais aussi fasciné par l'infini...

Comme si, à travers la finitude, la plénitude me faisait signe.

Ce malaise est inconfortable bien sûr, mais j'ai fini par m'y habituer tellement il m'a accompagné toute ma vie. Il faut dire aussi qu'il était bien plus prégnant et imprégnant avant, donc je peux aujourd'hui le laisser davantage m'envahir - c'est plus un effleurement qu'un tourment. C'est le spleen du dimanche des solitaires. Le vague à l'âme dominical des stakhanovistes du quotidien. Un appel à se recentrer sur... un indéfinissable, mais "autre chose". Autre chose que ce qui nous appelle habituellement en nous consumant.

J'ai ainsi longtemps détesté les dimanches, mais je me suis petit à petit rendu compte que ce malaise était précieux, car il me poussait à continuer à chercher, à aspirer. Un moteur ! Je suppose qu'il n'est plus là lorsque l'on est pleinement satisfait de sa vie, de ce que l'on en a fait, mais je sais aussi combien il est plus facile de l'ensevelir que de chercher à l'écouter, donc, en l'état actuel, je préfère qu'il continue à me fouailler le cœur plutôt que de me bercer en une illusoire satisfaction.

Maintenant, que faire pour composer avec ce malaise ? Ou mieux, pour composer sur ce malaise ? Je le laisse me pénétrer...

Une envie de larmes... et de la joie.

Un soupçon de terreur... et un sentiment de vie accru. 

Comme si je regagnais une énergie vitale étouffée. Une vitalité vibrante !

Comme c'est étrange. Ce que je fuyais quelques instants avant me remplit et me comble maintenant. Me faisant me sentir vivant, sentant la vie que je porte, la force de vie qui m'anime ! Une chaleur m'envahit. Mes mains et mon cœur palpitent.

Reconnexion au SENS de ma vie !

Ce sens/senti organique de ma vie est si concret, si réel, si accessible à tout instant, si immédiat... rien à voir avec la quête intellectuelle générale du "sens de la vie". Là, pas d'arguties, pas de doute, pas de recherches laborieuses dans l'espoir et l'attente d'une révélation future. C'est clair, c'est net, c'est là !

Reconnexion au sens de LA vie !