10-esprit, es-tu là ?


Je me reconnecte au sens de ma vie (le senti de la vie en moi). De façon globale : ce ressenti général, vibrant, palpitant de mon corps... [voir exercice 2] Sentir ainsi ramène mon être en équilibre intérieur, en paix et ouverture. Oui, mais après ? Ce senti est encore une manifestation de mon être, pas mon être même. Je sens, mais qui est ce "je" ? Que suis-je ?

Je ne veux pas d'une réponse intellectuelle, je veux une expérience vécue. Comme c'est étrange de se sentir et savoir vivant, et, malgré cela, de ne toujours pas savoir qui l'on est vraiment, de ne pas avoir expérimenté, reconnu, vécu l'essence de son être ! Ainsi il y a bien à la base une vie humaine intrinsèque, indéniable, et pourtant, force est de le reconnaître, vécue inconsciemment, automatiquement - en automate juste mu par la force de vie naturelle mais sans liberté spirituelle. Nous vivons sans conscience de vivre, sans conscience d'être vivant. Mais nous ne sommes pas comme les animaux, nous avons cette faculté d'auto-observation, de retour et recul sur nous-même qui demande à être exploitée, développée, qui l'exige même, sinon elle ne nous aurait pas été donnée. Or qu'en faisons-nous, à part l'avilir sous la domination de l'intellect, la pervertir dans l'orgueil ou la dépréciation de soi ? N'est-il pas grand temps de nous réveiller ? Si nous n'évoluons pas en conscience, nous disparaîtrons. Ainsi je crois que nous sommes nés inconscients (il y a très très longtemps...) et que notre vie (notre existence entière, donc sur plusieurs vies...) consiste à devenir conscient. Le germe d'esprit inconscient doit mûrir et devenir esprit conscient, s'il veut porter des fruits spirituels... Mais comment ?

Devenir conscient, c'est devenir conscient de soi-même. Beaucoup considèrent par là qu'il s'agit donc de devenir conscient de tout ce que l'on porte, de tout ce que l'on vit, afin d'en tirer enseignement spirituel pour soi et ainsi de s'amender toujours plus pour le meilleur. Certes ! Si cela ne se transforme pas en une stérile et oppressante rumination constante ou autre auto-analyse mentale incessante, c'est une étape indispensable. Mais il ne s'agit toujours là que de travail sur soi, sur les enveloppes qui entourent "soi", pas de conscience de "soi" proprement dit. Je n'en sais pas plus ainsi sur moi, je ne sais toujours pas qui je suis ou ce que je suis vraiment. Il me manque un ancrage ! L'ancrage en moi, ou mieux dit : en le "je" que je suis ! Faute de cet ancrage à la source de mon être, je peux à nouveau me retrouver ballotté, emporté et peut-être même submergé par de futures perturbations inédites touchant les différents (re)vêtements de mon être, suite à des "coups du destin" qui déclencheraient de nouveaux tourments corporels ou psychologiques. Faute de cet ancrage à la source de moi-même, je suis encore vulnérable, non assuré (au sens sportif du terme), je peux toujours chuter...

Mais comment, où trouver cet être/esprit que je suis ? Déjà je ne peux pas le voir, car si je le voyais il y aurait donc moi, du côté de mes yeux, qui me verrait moi, devant moi ?! Impossible ! Je ne peux pas voir ce que je suis, puisque ce que je suis est cela même qui voit ! Mon esprit n'est donc pas observable par moi-même au sens classique objectif du terme, il - donc "je" - ne sera jamais un objet pour lui-même. Dit autrement : "je" sera(i) toujours le sujet de tout objet observé (qu'il soit matériel ou non). Si mon attention était un doigt, rien de ce que ce doigt pointera ne pourra être moi - car ce sera un objet et je suis Le sujet. Ne puis-je donc alors "m'appréhender" en aucune façon ? Si. Mais pour me chercher, et espérer me trouver, la seule solution est de retourner ce doigt vers moi et de "regarder" dans cette direction si inusuelle qu'il pointe alors, de regarder dans la direction où je me montre du doigt ! Que "vois"-je alors en ramenant ainsi ma conscience à la source d'elle-même, en la retournant vers elle-même au lieu de la maintenir comme d'habitude dirigée vers l'extérieur ? Que "vois"-je alors en inversant le sens de mon regard de 180°, en regardant vers là d'où je regarde ? [Ne cherchez pas des mots, c'est indescriptible ! Vivez la réponse en ressenti ou intuition...] Vous pouvez vous aider de la photo de l'astronaute ou du doigt retourné.

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(Vous pouvez souffler quelques instants... ;-) voire même laisser reposer un peu et poursuivre votre lecture un peu plus tard. Cette chronique, très importante à mes yeux, va être un peu plus longue que d'habitude.)

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Reprenons autrement : tout OBJET n'existe que parce qu'il y a un SUJET qui le perçoit ; or ce Sujet c'est moi, "Je". Tout objet de ma conscience, même le plus banal, peut ainsi me renvoyer à moi-même, me ramener à moi-même ! En remontant le fil de mon attention jusqu'à sa source, je peux progresser à rebours, revenir vers moi... et découvrir qui/ce que je suis !  

Exemple : je regarde le tapis à mes pieds. À cet instant, de mon point de vue subjectif, ce tapis n'a une réalité, n'existe pour moi que parce qu'il y a "là", du côté d'où je regarde, de là où je suis, "quelque chose" pour le voir. "Quelque chose" qui en est conscient, quelque chose de conscient !

Quoi ? Il y a donc "là", derrière mes yeux, "quelque chose" plutôt que "rien" ?! Un "point de conscience" plutôt que le néant ?!

N'est-ce pas extraordinaire ?

JE SUIS CONSCIENT ! J'EXISTE !

(Autrement dit, "JE", ma nature véritable, EST CONSCIENCE !)

N'est-ce pas merveilleux, prodigieux lorsque l'on y réfléchit un moment ?

Encore mieux : JE SUIS CONSCIENT D'ÊTRE CONSCIENT !

Et je suis seul dans cette création, en tant qu'esprit humain, à avoir cette faculté !

Quel mystère ! Quelle grâce !

À chaque fois que je reviens à l'origine de mon regard et que je me prête ainsi attention quelques instants, cela me bouleverse profondément - l'impression d'ouvrir une porte sur l'éternité...

Je vous encourage chaleureusement à approfondir en vous cette conscience, conscience de ce simple fait objectif (mais tout subjectif) et conscience de votre conscience d'être conscient. À prendre conscience de ce que cela - cette connaissance vécue de votre nature essentielle - représente vraiment ! De la force et mobilité intérieure qu'il y réside pour vous-même.

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J'ai longtemps aspiré dans ma vie à la PAIX, sortir de cette torture mentale incessante, de cette souffrance psychologique de calvaire. Ah, être en paix ! C'était mon objectif personnel ultime, je ne voyais pas ce qu'il pouvait y avoir de plus haut que cela à espérer... Après plusieurs dizaines d'années, grâce au travail sur moi, à la "méditation", au "vivre au présent" etc., enfin la paix était là, avec moi ! Et là... (surprise !) j'ai découvert qu'il me manquait cruellement autre chose ; il me manquait LA JOIE ! J'étais en paix, mais je n'étais pas heureux. J'ignorais la joie de vivre, le bonheur candide de l'enfant...

C'est grâce à l'expérience vécue que je viens d'essayer de vous décrire que j'ai pu découvrir (ou plutôt redécouvrir, car oubliée de ma petite enfance) - comme une révélation - cette chaleur de la joie. Que j'ai pu, pour la première fois de ma vie consciemment, vivre et sentir pulser en moi LA JOIE D'AVOIR LA GRÂCE D'EXISTER ! Et de simplement exister, peu importe les conditions de l'existence ! J'ai pu ressentir et me dire en totale conviction que, quelles que soient les épreuves de vie qu'il nous faille traverser, la vie restait fondamentalement, essentiellement, dans l'absolu, toujours un Cadeau ! Que même au cœur des difficultés de l'existence, ce don de POUVOIR-ÊTRE-CONSCIENT restait une bénédiction, car c'est lui qui nous donne également la possibilité et les moyens de les surmonter.

Que peut-il y avoir de plus précieux que d'être VIVANT... si ce n'est d'être vivant ET conscient ?

Là, en mon esprit-conscience, est l'ancrage le plus puissant, car quoi qu'il m'arrive il est la seule chose qui ne passe pas (et qui ne trépasse pas non plus). Lorsque la conscience des choses est difficile, revenir à la conscience elle-même non projetée, la simple conscience d'être conscient, permet de se placer dans l’œil du cyclone et de retrouver stabilité et confiance en Soi. Voilà le roc au milieu des tempêtes, le phare dans la nuit noire de l'âme, le diamant luisant sous la boue... que je suis fondamentalement ! Toujours présent, toujours vivant, toujours aspirant. À moi d'honorer ce Don merveilleux, en le reconnaissant à sa juste valeur et en gagnant toujours plus en présence consciente à lui (donc à moi-même), afin de recevoir en retour force et soutien des Hauteurs lumineuses auxquelles il est relié !