2-"ça"


Il y a quelque chose qui pousse. Quelque chose qui me taraude sans cesse à l'intérieur, chaque jour et surtout soir, lorsque je vois que, une nouvelle fois, je ne l'ai pas écouté, je l'ai fui, je lui ai trouvé des substituts, des distractions, des futilités de plaisir éphémère, des compensations de nature inférieure, loin de combler, nourrir, satisfaire cette aspiration en moi qui ne me quitte pourtant jamais.

C'est cela que je cherche, que je dois chercher en prenant le stylo. Pas gloser, pas enseigner, pas chercher à édifier (de quel droit ?) ; juste un moyen pour trouver, déterrer, et faire fleurir, révéler... "ça" !

Qu'est-ce que c'est que ce "ça" ?

Comment pourrais-je le définir avec des mots ? J'ai l'impression que c'est impossible...

C'est une effluve, un parfum, à l'origine tout autant indéfinissable que le parfum lui-même. "Ça" signifie Liberté, Paix, Félicité... "Ça" a goût d'Unité !

"Ça" est LA solution - à tous les problèmes, LE remède - à tout mal-être. "Ça" est LA sécurité en toute circonstance, même au milieu du pire chaos et de la plus extrême confusion extérieure. Car "ça" est plus fort que tout, puisque "ça" est la vie, ou mieux dit : le lien avec la Vie !

C'est l'objet de toute recherche existentielle, la quête de tout chercheur sincère de vérité. La recherche de "ça" est une souffrance, car elle part d'un manque, mais c'est aussi une richesse, car rien n'est pire que d'avoir perdu ou oublié toute espérance, d'errer sans but "comme une âme en peine".

"Ça" est VITAL !

Quant au moyen de l'atteindre, de le vivre, je sais bien, surtout après avoir tout essayé en cela, que ce ne peut être par des moyens terrestres, par une acquisition de quoi que ce soit d'extérieur à moi. Aucun objet (qu'il soit matériel, intellectuel, émotionnel...) n'est en mesure de combler ce manque ; il ne peut tout au plus que l'occulter, le refouler, pour un temps seulement. Ainsi la "direction" à suivre est la direction inverse : retourner l'attention vers le sujet (sujet de tous les objets), c'est-à-dire... "moi". Je ne peux trouver "ça" qu'en moi !

Cela n'a l'air de rien, mais cela élimine quand même la direction exclusive vers laquelle nous nous tournons, encore et toujours, chaque jour, en espérant y trouver bonheur et équilibre définitifs ! Bien sûr, je dois continuer chaque jour à vivre dans le monde et subvenir à mes besoins, mais l'essentiel (l'essence du Ciel) n'est pas là. Le reconnaître et l'accepter est déjà une formidable aide pour relativiser au quotidien.

Maintenant que je sais chercher "ça", il me reste à trouver avec quel "instrument". Et là, je me heurte au même problème que précédemment, car l'instrument pour explorer en moi est quasi aussi indéfinissable que ce qu'il cherche à trouver, puisqu'il doit être de même nature subjective. Ce ne peut être mon intellect, mon mental, ma raison, car mon intellect ne peut saisir et appréhender que des objets (à nouveau au sens large, p. ex. les pensées sont aussi des objets de ma conscience, donc chercher par un processus de pensées à appréhender "ça" ou qui je suis est voué à l'échec). Il me faut donc chercher avec un "muscle" différent, quelque chose qui fait partie intimement de moi, mais que j'utilise peu, que j'ai négligé : de l'ordre de l'intuition par opposition au mental, tenant du "cœur" et non de la tête, je l’appellerai : le RESSENTI.

Je sais donc vers où chercher et avec quoi. L'aventure commence !