LES ANCRAGES


N°2

La respiration

Photo by Eli DeFaria on Unsplash

La respiration est sans aucun doute le moyen le plus connu et le plus utilisé dans les diverses pratiques de méditation ou de relaxation pour atteindre un état de conscience différent ou simplement une détente mentale et corporelle. Toutefois, on peut être totalement perdu devant toute cette profusion de techniques de respiration différentes. Laquelle choisir ? Quelle est la meilleure ?

En outre, comme je l'ai déjà mentionné (Chronique n°9), ça n'a jamais fonctionné sur moi, produisant même l'effet contraire (hyperventilation + rupture de mon équilibre psychique), car reçu par ma structure organique comme une contrainte et violence.

Cela ne veut pas dire que je ne me base jamais sur la respiration, mais j'ai fini par le faire de la façon la moins intrusive possible, donc la plus naturelle qui soit, qui s'est avérée au final non seulement la plus efficace pour moi dans sa totale simplicité, mais aussi et surtout la plus respectueuse, dans sa bienveillance, de mes états d'âme du moment, même les plus tourmentés.

Je vous propose donc ici une sorte "d'anti-exercice" de respiration, qui peut être pratiqué à tout instant, quelles que soient les conditions de stress influant sur votre respiration :

Je porte mon attention sur ma respiration. Je prends conscience que je respire.

J'observe que j'inspire... que j'expire... J'inspire... j'expire...

Cela ne s'arrête JAMAIS !

Quoi qu'il m'arrive ou que je vive ici-bas, je peux donc toujours me raccrocher à cela !

 

J'inspire... J'expire...

Quelle que soit la forme de ma respiration, surtout, je ne fais absolument rien pour la changer !

Je l'observe, c'est tout.

Je me contente de suivre ma respiration, sans chercher à la contraindre de quelque façon que ce soit.

Je l'accueille telle qu'elle est.

 

Quoi qu'il m'arrive ou que je vive ici-bas, ma respiration est toujours là, "à mes côtés",
telle une ancre qui me rappelle l'essentiel, même envers et contre tout : je suis toujours VIVANT !

Voilà, c'est aussi simple que ça !

Et pourtant, ça fonctionne !

Si ma respiration est agitée, c'est qu'elle a ses raisons ! Je suis contrarié, stressé, anxieux ou paniqué... c'est la réaction physiologique la plus appropriée à ce moment ; je dois en premier lieu la respecter ! Chercher à la contrarier ou à la restreindre dans une forme que je jugerais plus appropriée est contre-productif. Il se passe au niveau physiologique le même processus que Carl Rogers décrivait au niveau psychologique (voir citation à la fin de la Chronique n°9) : c'est au moment où j'accepte ma respiration telle qu'elle est qu'elle devient capable de changer. Et de changer par elle-même ! Cela j'ai pu le vivre de nombreuses fois, en particulier dans des situations de stress extrême. Tant que j'essayais de me calmer par moi-même, je ne faisais que m'imposer une tension supplémentaire ; cela pouvait fonctionner très temporairement, au prix d'une forte dépense d'énergie intérieure, mais ne revenait qu'à placer un couvercle sur une casserole d'eau bouillante pour empêcher qu'elle ne déborde, sans que le feu ne soit éteint en-dessous... Au bout d'un moment, le couvercle sautait et ça redébordait ! À l'inverse, lorsque je laissais ma respiration librement "diriger les opérations", mais en restant bien en lien avec mon senti organique (pas avec mes pensées), il se produisait naturellement au bout d'un moment un "dégagement" ou un "dénouement" énergétique, résultat de la libre expression permise du mouvement organique intérieur.

Ma respiration est donc à la fois une amie, toujours présente ici-bas pour me soutenir et me porter, et un guide. Ce n'est pas à moi de la guider autoritairement, c'est elle qui me guide dans mon attention consciente à elle ! On pourrait parler d'intelligence du corps...

 

TOUTEFOIS...

 

La respiration ne doit pas être superficielle pour autant ! Ne serait-ce que pour une bonne santé physique à long terme (élimination des toxines, bonne oxygénation du corps...).

Je vais donc quand même vous donner une certaine "pratique" de respiration...

Non pas tant comme une concession à ceux qui préfèrent un exercice de respiration à la simple observation de celle-ci, mais parce que je suis convaincu que c'est la respiration la plus naturelle, donc celle vers laquelle nous devons tendre et revenir :

 

LA RESPIRATION NATURELLE

Je l'appelle "la respiration naturelle", parce que je me suis rendu compte que c'était cette forme de respiration là que j'avais lorsque je me trouvais naturellement réveillé au milieu de la nuit, totalement détendu corporellement. C'est donc celle qu'adopte spontanément le corps lors des phases inconscientes du sommeil (mais c'est aussi celle que l'on retrouve naturellement pour accompagner un effort physique dans le cadre d'une activité sportive).

Cette respiration ne remet pas en cause ce que j'ai dit plus haut, c'est juste un accent particulier à mettre sur l'une des deux phases du mouvement respiratoire :

Je m'abandonne dans l'expiration.

J'expire... profondément...

Puis j'attends que l'inspiration se produise d'elle-même,

sans chercher à la provoquer prématurément, ni à l'accélérer ensuite

- c'est le corps qui décide.

Laisser-aller dans l'expir (cela se fait par le ventre)...

Je note qu'une pause se fait, plus ou moins longue...

Laisser revenir l'inspir de lui-même, tranquillement, sans être forcé...

Nouvelle pause...

Lâcher-prise dans l'expir...

Etc.

 

Comme si je ne m'occupais plus que d'expirer !

Que je ne me souciais plus d'inspirer.

Un peu comme si je ne respirais volontairement qu'à mi-temps,
alors qu'auparavant, tel un jouisseur ne cherchant qu'à prendre,
seul comptait l'inspir.

Là, il n'y a plus que le donner, l'expir - et la pause qui suit...

Je découvre même le plaisir d'être dans ce "no man's land"/ vide respiratoire, et la paix qu'il procure,
alors qu'auparavant
je me précipitais aussitôt dans l'inspir !

Cependant l'inspiration elle-même retrouve aussi de par cette respiration une autre saveur...

Testez cette respiration (qui devrait être notre respiration naturelle), vous serez surpris/e de ses bienfaits !

Bien sûr l'inspiration est aussi vitale que l'expiration, mais pour qu'elle puisse apporter santé et force il ne faut pas qu'elle soit superficielle, ce qui est le cas la plupart du temps, du fait même que l'expiration est négligée. Une bonne expiration entraîne auto-activement une bonne et saine inspiration, alors que l'inverse n'est pas vrai.

Cette respiration a de plus d'autres vertus, symboliques et même métaphysiques !

Symboliquement, elle nous rappelle une grande Loi de la Création, à laquelle tout est soumis, du plus matériel au plus spirituel, Loi divine ou naturelle selon laquelle ce n'est qu'en donnant que l'on peut recevoir. Celui qui ne cherche qu'à prendre en jouisseur sans vouloir donner n'est pas un élément promoteur dans le grand Tout et ne fait toujours au final que se nuire à lui-même, car s'excluant de lui-même du Mouvement indispensable à la Vie (corporellement, celui qui expire mal ne bénéficiera pas de la pleine valeur de l'inspiration et encrassera son organisme de par le manque d'une élimination optimale, ce qui peut provoquer avec le temps des états maladifs). De même, celui qui a reçu se doit de transmettre, pour rendre, reconnaissant, ce qui lui a été donné (corporellement, rendre aux végétaux le dioxyde de carbone grâce auquel, par la photosynthèse, ils produisent le dioxygène que nous respirons). Quel merveilleux et parfait Mécanisme donc, avec lequel, au plus bas niveau, la respiration naturelle nous permet de nous syntoniser !

Mais cela va même encore plus loin, ou plus haut ! D'un point de vue métaphysique, la respiration naturelle nous permet également de retrouver un juste rapport, une relation plus conforme avec le Divin, la Lumière, la Source ou la Vie (peu importe comment vous la nommez). En effet :

« Observons ce qui se passe dans la respiration de l'homme nerveux ou angoissé. Le nerveux n'ose pas expirer à fond, il n'ose pas vider ses poumons et rester paisible jusqu'à ce que la phase inspiratoire s'instaure d'elle-même. C'est là le signe d'un profond état de crainte et d'angoisse. Lorsque les poumons sont vides, l'homme angoissé redoute le néant, la mort, il précipite alors le mouvement d'inspiration pour retrouver le sentiment de la vie et un apaisement momentané.
Au contraire, chez l'homme parfaitement sain, c'est-à-dire parfaitement harmonieux, en accord avec lui-même et le cosmos, la respiration a une signification métaphysique, elle est le "symbole" du rythme d'échange entre l'individu et son Principe. Chaque expiration exprime donc l'abandon total de la créature à Dieu et chaque inspiration représente le retour de l'influx divin. »

 

Jean Klein
Sois ce que tu es